parents qui ont perdu un (ou plusieurs) enfant(s)
Il s’avère que ce mot n’existe pas alors qu’il est, depuis un certain temps déjà, entré dans l’usage aussi bien oral qu’écrit lorsque l’on parle de parents qui ont perdu un (ou plusieurs) enfant. Mais il est évident que sa réelle reconnaissance ne sera pas faite tant qu’il n’entrera pas dans le dictionnaire.
Comment arriver à faire tomber les tabous envers tout ce qui concerne le décès d’un enfant si le statut de ses parents n’est pas reconnu puisqu’il n’a pas de qualificatif ! Pour le décès d’un mari ou d’une épouse, on parle du veuf ou de la veuve ; pour le décès des parents, on parle de l’orphelin. Et pour le décès d’un enfant, rien !
On peut trouver le mot « désenfanté » dans les ouvrages suivants :
Traduction de la Bible par André Chouraqui
Références :
Premier livre de Samuel – Chapitre 15
Shemouél dit : « Comme ton épée a désenfanté des femmes, ainsi, parmi les femmes, ta mère sera désenfantée ».
Prophétie d’Ezéchiel – Chapitre 36
12 Je ferai aller sur vous des humains, mon peuple Israël. Ils hériteront de toi ; tu seras pour eux une possession ; et tu ne continueras plus à les désenfanter.
13 Ainsi dit Adonaï IHVH-Elohîms : Puisqu’ils vous disent : ‘Toi, la dévoreuse d’hommes, tu scelles qui désenfante ta nation’,
14 aussi, tu ne mangeras plus d’humains, tu ne désenfanteras plus ta nation, harangue d’Adonaï IHVH-Elohîms.
Livres écrits par le Docteur Alain De Broca – Pédiatre (Dr. Sc., Doctorant en philosophie)
Référence :
« Adieu Pitchoun » – Paris – Cerf (page 44)
« Deuils et endeuillés » – Paris – Masson – 3ed. 2006 (page 77)
Livre écrit par le Docteur Rita El Khayat – Psychiatre
Référence :
« Le Désenfantement » – Editions Aïni Bennaï – 2002 – Casablanca (Maroc)
Livre écrit par Marie-France Morel – Historienne, GDR /CNRS 1558 (Anthropologie de l’enfance), Paris. Spécialiste de l’histoire de la petite enfance en France du XVIe au XIXe siècle.
Référence :
« Les deuils d’enfants de la conception à la naissance »
Editions L’Esprit du Temps – Collection Etudes sur la mort – N°119 – 2001/1
Paragraphe « Images du petit enfant mort dans l’histoire » (page 17 à 38)
Livre écrit par Patrick Vignoles – Agrégé de Philosophie, professeur de chaire supérieure à Lyon
Référence :
« La perversité » – Editions Hatier – 2000
Sur Internet, avec le moteur de recherche Google, on trouve à ce jour :
- désenfanté : 483 fois
- désenfantés : 3 540 fois
- désenfantées : 6 600 fois
- désenfanter : 6 260 fois
- désenfantement : 1 320 fois
- désenfante : 2 820 fois
Sur le plan de la langue française :
Le principe de la compositionnalité des dérivés est respecté.
Désenfanté trouve bien sa place dans une série homogène qu’il ne dépare nullement, et qu’on peut visualiser à l’aide du tableau suivant :
Nom Verbe non préfixé Verbe préfixé non attesté Adjectif préfixé attesté
aération aérer désaérer désaéré
incarnation incarner désincarner désincarné
œuvre œuvrer désœuvrer désœuvré
enfant enfanter désenfanter désenfanté
Nous avons donc affaire à un néologisme de bon aloi qui ne heurtera pas la conscience linguistique des lettrés et dont l’introduction dans les dictionnaires serait légitime.
désenfanté
Saisissez dans le champ ci-dessous le terme étranger que vous souhaitez proposer à la communauté
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Si le mot orphelin n’est suivi d’aucun complément, il s’agit des deux ascendants directs , père et mère.
Sinon, on précise de quoi on est orphelin, et on peut l’être de nombreuses personnes : orphelin d’un enfant, d’un maître à penser, voire de ses propres idéaux. Même les apiculteurs « orphelinent » la ruche en supprimant la reine pour obtenir plus de gelée royale.
Si le mot était vraiment nécessité par la réalité sociale ou psychologique de la perte d’un enfant, le langage populaire aurait depuis longtemps engendré le terme adapté. À l’évidence, ce n’est pas le cas, ni en français, ni dans nos principales langues européennes ; on a bien créé désarmé, désargenté, déboussolé, et j’en passe.
Bon courage pour votre combat…
Si la dérivation est correcte dans la forme, je ne la trouve pas correcte dans le fond.
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le préfixe dé- appliqué à un verbe indique l’action contraire à ce verbe.
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Or, sémantiquement, enfanter signifie « mettre au monde », « donner le jour à un enfant ». C’est une action de la mère (sujet).
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Donc l’action contraire signifierait remettre un enfant dans le ventre de sa mère…
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De plus, dans l’extrait de la bible, « ta grand-mère sera désenfanté » est un passif. Or, c’est l’enfant qui est enfanté, et c’est la mère qui enfante.
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Cela reviendrait à dire que l’on remet la grand-mère dans le ventre de l’arrière-grand-mère…
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En fait, « orphelin » peut s’appliquer aussi bien à un enfant qui a perdu ses parents qu’à un parent qui a perdu ses enfants.
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http://www.cnrtl.fr/lexicographie/orphelin
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B.- Celui, celle qui a perdu un parent, un être cher.
« Un recouvrement inespéré permit tout juste à ces orphelins de leur propre enfant de s’installer hors de Paris, dans un très humble pavillon de Parc-La-Vallière et d’y respirer en paix quelques jours (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.235). »
Orphelin vient du latin orphanus. La racine indo-européenne est orbh que l’on retrouve dans le grec orphanos (ορφανός), ainsi que dans le slave robota qui désigne la servitude, le travail forcé, et qui a donné le mot robot, le lien entre orphelin et esclave provenant du fait que les orphelins n’avaient souvent d’autres ressources que de devenir serf pour subsister.
Toutes les définitions actuelles dans les divers dictionnaires (Larousse – Le Robert – dictionnaire latin) concordent toutes vers une seule et même définition : enfant qui a perdu son père et/ou sa mère.
Ce statut d’orphelin ne peut donc en aucun cas être adapté pour des parents qui ont perdu un (ou des) enfant(s).
Perdre un enfant en bas âge était une expérience courante dans les cultures anciennes, mais heureusement beaucoup plus rare aujourd’hui. Si personne n’avait besoin d’un mot spécial quand cette situation était vécue quotidiennement, je trouve qu’il y a beaucoup de vanité et d’égoïsme à vouloir aujourd’hui en faire un statut personnel.En deuil d’un enfant, endeuillé d’enfant, qui a perdu un enfant, me paraît plus clair et plus respectueux.
Comment pouvez-vous savoir que personne ne ressentait le besoin d’un mot spécial dans les cultures anciennes lors de la perte d’un enfant ? Aucun écrit ne l’affirme.
Par contre, le mot désenfanté apparait dans la bible (livre de Samuel)… n’était-ce pas déjà du temps des « cultures anciennes » ?
Bien sûr, tout dépend de ce que vous entendez par « cultures anciennes ».
Quand vous dites qu’il y a beaucoup de vanité et d’égoïsme à vouloir en faire un statut personnel, le but de cette démarche n’est en aucun cas « personnel ».
J’ai réalisé un dossier complet composé de lettres de soutien de professionnels de santé, d’associations qui toutes confondues représentent des milliers de parents, de professionnels de lettres et de familles ainsi qu’une pétition de centaines de signatures … tout cela dans le but de démontrer qu’il existe une véritable demande suite à un réel manque ressenti aussi bien de la part des parents concernés et de leurs entourages que du monde médical, associatif, voire éducatif et littéraire.
Aucun problème avec ce mot – il conforme aux règles morphologiques du français (dés + verbe dérivé d’un nom simple).
Un mot peut très bien être conforme aux règles de français et pourtant ne pas être approprié (j’ai expliqué pourquoi dans mon commentaire).
Qu’on ait besoin (seulement maintenant ?) d’un mot tout comme nous avons « veuf » ou « orphelin » depuis fort longtemps, je peux encore comprendre. Mais désenfantés pour privés d’enfant si les parents en ont plusieurs et que, malheureusement, ils en ont perdu un : là, je ne comprends plus. Il reste bien les autres qui sont encore vivants.
Pour moi, « endeuillé d’enfant » est plus clair.